Young-Adult

« La seule chose sûre, c’est qu’ici, la voix des armes couvre celle des hommes. »

L’enfant qui savait tuer de Matt Whyman

Titre original : Boy kills man
Editions Gallimard – 221 Pages
2004 (texte) – 2006 (traduction) – 9 €
Traduction de Stéphane Carn

Synopsis :

Haut comme trois pommes, Sonny déteste qu’on l’appelle Shorty. A douze ans, il aime encore les sucettes et vit à Medellin, en Colombie. Une ville où les trafiquants de drogue font la loi et où les armes remplacent souvent les mots. Plus qu’un copain, Alberto est pour Sonny un véritable frère. Tous deux rêvent de fuir la misère et la rue. Quand Alberto se fait « embaucher » comme tueur à gages par un parrain de la drogue et finit par disparaître tragiquement, Sonny se retrouve seul, totalement perdu. Une seule voie s’impose à lui : prendre la relève de son ami. Un revolver lui procurera le respect et la sécurité auxquels il aspire. Et de quoi vivre décemment. En toute innocence, Sonny signe ainsi sa perte. Mais a-t-il vraiment le choix ?

L’histoire de Sonny témoigne d’une réalité que tout le monde devrait connaître. Un livre que l’on reçoit comme un coup de poing.

Avis personnel :

Ce roman est basé sur une histoire vraie et on parvient aisément à se l’imaginer malgré toute son horreur. Le lecteur suit le personnage de Sonny dans une ville où la drogue est présente à chaque coin de rue. El Fantasma règne sur Medellin et il recrute Sonny, un enfant parmi tant d’autres, pour exécuter ceux qui le gênent. Les enfants tueurs à gages sont drogués pour pouvoir tuer, ils ne doivent pas hésiter ni trembler, seulement appuyer sur la gâchette.

Ce livre est l’histoire de Sonny, un jeune garçon qui ne songeait qu’à fuir cette ville mais qui va s’y retrouver piégé. Il est ami avec Alberto qui a sensiblement le même âge que lui. Ce dernier quitte rapidement l’école et Sonny se retrouve obligé de le suivre. En effet, très petit pour son âge, il subissait les brimades des autres à l’école et Alberto n’était plus là pour le protéger. Tous les deux distribuent des paquets (de la drogue) pour le compte de trafiquants. Suite à un accident, Alberto se trouve amené à rencontrer El Fantasma et entre à son service. A sa disparition, c’est Sonny qui va reprendre son travail. Alberto et Sonny ont pleinement conscience de leurs actes mais ils restent tout de même des enfants, avec des désirs d’enfants. L’argent qu’ils gagnent leur sert à s’acheter des choses simples comme des sucreries, des CD et des vêtements ainsi qu’à aider leur famille.

Ce roman est très violent, avec des images fortes qui ne peuvent que nous toucher. Voire des enfants abattre des adultes et connaître leurs sentiments est plutôt perturbant. Les armes sont puissantes et celle que possède Alberto puis Sonny est chérie comme un trésor. La misère et la violence de la vie des personnages ne peuvent pas nous laisser insensibles. Sonny décide d’être un enfant tueur à gages car il n’a pas d’autre choix. Sa vie n’est pas facile avec un oncle qui le bat constamment et le respect qu’il n’obtient pas des autres. Il semble ne plus y avoir d’innocence dans l’enfance. Pourtant les choix de Sonny sont guidés par l’amour et l’amitié, c’est un personnage très touchant.

Ce fut aussi soudain qu’un éclair. Aucun délai de réflexion. Pas l’ombre d’une mise en garde ou d’un avertissement. Il avait fait volte-face, derrière moi et avait tiré par-dessus mon épaule.

L’écriture de l’auteur est très belle. Le style est plutôt brut avec une narration efficace qui marque le lecteur. Les premiers chapitres au passé nous présentent la relation entre Alberto et Sonny jusqu’à ce que le moment présent arrive avec Alberto disparu et Sonny se retrouvant seul. Le passage entre ces deux moments est amené en douceur, étant à peine visible. C’est un roman fort qui bouleverse par la réalité qu’il montre. La fin ne laisse aucun espoir, le lecteur ne peut que rester abasourdi tandis qu’un sentiment de révolte mêlé de détresse monte en lui.

En résumé :

Un récit fort et bouleversant. L’histoire de Sonny est triste mais bien réelle et le lecteur ne peut qu’en être touché.

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11 réflexions au sujet de “« La seule chose sûre, c’est qu’ici, la voix des armes couvre celle des hommes. »”

  1. Tu me donnes furieusement envie de le lire. Parfois, la littérature est aussi là pour nous rappeler l’horreur de la réalité. L’histoire n’est pas simple, elle est dure, mais on ne peut fermer les yeux sur ce genre de phénomène.

    1. Oui, c’est bien d’avoir des livres de ce genre. Surtout que c’est classé jeunesse. C’est très dur, rien n’est épargné au niveau de la violence même s’il n’y a pas de scènes « gores ».

  2. Ce livre a l’air très bien ! En tout cas c’est ce qui ressort de ton article. Pourtant, je n’ai pas particulièrement envie de lire ce genre d’histoires en ce moment… peut être un de ces jours du coup (en fonction des mes lubies passagères =P).

    1. Ce n’est pas un coup de cœur mais c’est un roman qui ne peut que nous toucher. L’autre traite bien ce sujet, en montrant les aspirations des enfants qui s’opposent à la violence de la rue.
      Ce n’est pas une histoire gaie, c’est sûr !

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