Policier

Séoul copycat de Lee Jong Kwan

Titre original : 현장검증 (On site-inspection)
Éditions Matin Calme
253 pages – 18,90€
Traduction de Koo Moduk et Claude Murcia

Quatrième de couverture :

Un homme se réveille à l’hôpital. Il a perdu la vue ainsi que la mémoire. Il serait inspecteur de police. Il aurait traqué un copycat, un criminel qui aurait reproduit les crimes perpétrés par d’autres. Depuis son lit, enfermé dans son monde, l’homme tente de reprendre son enquête avec l’aide d’une collègue.

Mais celui qui ne voit plus et qui ne se souvient plus, comment trouvera-t-il son chemin ? Est-il seulement sûr de ceux qui le guident ? Et au fond, lui-même sait-il qui il est ? Quelque part, l’araignée a tissé sa toile et elle attend sa proie.

Avis personnel :

Cela faisait un petit moment que je regardais le catalogue de cette jeune maison d’édition dédiée aux romans policiers coréens. J’aime beaucoup leur charte graphique, il est facile de repérer qu’un livre vient de chez eux. J’ai été ravie de pouvoir découvrir Séoul copycat. L’objet livre est agréable, avec une couverture à rabats présentant l’auteur et le synopsis. La traduction est très bonne. Lee Jong Kwan, l’auteur de ce roman policier, a été rédacteur dans une revue professionnelle de criminologie pendant quinze ans. Il signe ici son premier roman ; l’écriture est très maîtrisée.

Lee Suyin se réveille dans un lit d’hôpital gravement brûlé, amnésique et aveugle. Inspecteur de police, il s’est retrouvé dans cette condition en traquant Copycat, un tueur en série qui aurait reproduit des crimes perpétrés par d’autres. Les médecins estiment qu’il pourrait retrouver sa vue et sa mémoire mais cela prendra du temps. Ce temps qu’il n’a justement pas. Le meurtrier court toujours dans la nature et il doit l’arrêter au plus vite, étant le seul à l’avoir vu. Depuis son lit d’hôpital, il revoit chaque élément de chaque enquête avec l’aide de sa collègue Han Jisu, profileuse au service de l’analyse criminelle et comportementale dans la police de Séoul. Très méthodique et détachée, elle est très différente de ses collègues. Pour se protéger, elle ne rentre pas dans la tête des suspects mais elle les pousse à bout. Lee Suyin ne sait pas à qui il peut faire confiance. Ne se souvenant plus de rien, il est inquiet pour sa sécurité. Tous ses collègues sont aussi de potentiels suspects. Mais est-il au moins sûr de savoir qui il est réellement ?

Dans le rêve, la réalité se déforme selon nos désirs.

Le récit commence de manière très classique pour présenter les différents crimes. Quelques découvertes se font petit à petit en même temps que les policiers avancent dans leurs enquêtes. Le récit alterne les points de vue de plusieurs personnages même si ceux de Lee Suyin et Han Jisu sont les plus importants. Lorsque la vérité se dessine, un retournement de situation au deux tiers du livre remet tout en cause. Les indices disséminés ici et là prennent un autre sens. Au jeu des manipulations, qui sera le véritable gagnant ? J’ai trouvé l’intrigue très intéressante, le lecteur est pris au jeu de l’enquête. Ce récit policier est de type plutôt procédural et froid mais il a son lot de surprises !

En résumé :

Séoul copycat est un roman policier passionnant savamment construit !

Policier

« Je vais disparaître. »

Un certain Dr Watson de David Stuart Davies

drwatsonTitre original : The Veiled Detective
Editions Fetjaine -16,90€
Mai 2013 – 294 Pages
Traduction de l’anglais par Sylvie Del Cotto

Quatrième de couverture :

Médecin militaire en Afghanistan en 1880, John Walker fuit l’horreur des combats pour se réfugier dans l’alcool. Déshonoré, il est chassé de l’armée et renvoyé en Angleterre. Lors du voyage de retour, il tombe entre les mains d’un mystérieux réseau aux activités troubles. Il découvre bientôt que le chef en est le professeur Moriarty, qui le rebaptise Watson et lui confie la mission d’espionner un jeune détective dont la réputation ne cesse de croître à Londres, Sherlock Holmes.
Mais Watson et Holmes se lient bientôt d’amitié et le docteur s’efforce alors de se défaire de l’emprise de Moriarty. Une entreprise mortelle…

Avis personnel :

Lors de la dernière masse critique de Babelio, j’ai pu recevoir ce livre. Dès que ça parle de Sherlock Holmes, ça m’intéresse ! Malheureusement, au contraire des échos positifs présents sur Internet, je n’ai pas apprécié ma lecture plus que ça.

A la lecture du synopsis, j’ai trouvé l’idée originale – que le Dr Watson soit un espion envoyé par le Professeur Moriarty – mais il fallait voir comment cela serait amené. Finalement, cela est plausible mais ça ne m’a pas plu. Toutes les personnes que Sherlock Holmes rencontrent sont à la solde de Moriarty. Cela illustre certes sa grande influence mais c’est trop. Il n’y a plus personne à qui faire confiance.

En ce qui concerne les personnages, ils ressemblent aux originaux. Leurs traits de caractère sont réalistes. J’ai particulièrement apprécié le Dr Watson. C’est d’ailleurs le véritable héros de ce roman. L’histoire est racontée à travers des extraits de son journal ainsi que quelques passages avec un autre narrateur quand le Dr Watson n’assiste pas aux événements. Je n’ai pas grand-chose à dire sur Sherlock, il ne m’a pas vraiment marqué ; tout comme Moriarty. Quant à Mycroft, il est à mon regret trop effacé. Par ailleurs, on ne sait pas réellement quel jeu il joue. C’est Mycroft, j’ai envie de dire, mais en savoir un peu plus sur lui aurait été intéressant.

Ce qui m’a le plus déçu, ce sont les enquêtes. Celles-ci sont directement reprises du canon holmésien et ne sont guère modifiées. Elles arrivent subitement et sont résolues en quelques pages. Il y a aussi de trop brusques coupures notamment quand John Watson fait la rencontre de Mary. La rapidité des événements m’a vraiment gênée.

Les chapitres sont courts et le livre se lit plutôt rapidement ce qui m’a permis de ne pas faire s’éterniser ce roman. Il y a une alternance entre récit et dialogues. Ces derniers, ceux d’Holmes, ne m’ont pas toujours paru crédibles mais dans l’ensemble, c’est correct. La narration externe et le journal de Watson sont de deux polices différentes mais il y a parfois quelques oublis.

En résumé :

Je suis déçue par cette lecture. Il y a dans l’ensemble trop de rapidité avec des éléments trop vite expédiés. Malgré tout, j’ai bien apprécié le personnage de Watson.

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Policier

« Mon rôle n’est pas de rendre la justice, mais de révéler la vérité. »

Défi à Sherlock Holmes de Béatrice Nicodème

defiSHEditions Hachette – 234 Pages
Octobre 2012 – 14 €

Quatrième de couverture :

En quoi le meurtre d’une certaine Pauline de Chalin concerne-t-il Sherlock Holmes ? Certes, il n’est pas banal qu’une femme de conseiller d’ambassade français soit égorgée dans un confessionnal, de surcroît dans une église si loin de chez elle. Pourtant l’affaire ne suscite que peu l’intérêt du grand détective… Jusqu’à ce qu’une lettre renverse la situation : l’assassin défie personnellement Sherlock Holmes de le trouver, avant la prochaine victime.

Avis personnel :

Je tenais tout d’abord à remercier Livraddict et les éditions Hachette qui m’ont permis de découvrir ce roman se rapportant à Sherlock Holmes (et pour l’intérêt que je lui porte, j’en suis ravie !).

Ce roman est un pastiche de Sir Arthur Conan Doyle. La narration est à la première personne, c’est Watson qui nous raconte les aventures du célèbre détective. Béatrice Nicodème connaît parfaitement l’œuvre et l’univers de Sherlock Holmes. Elle retranscrit fidèlement les caractères des personnages. La relation Watson-Holmes m’a beaucoup plu. Par contre, au niveau de la narration, je trouve qu’elle cherche trop à imiter sans forcément bien réussir. Par exemple, elle fait de nombreuses références aux enquêtes antérieures de Sherlock Holmes et avoir des notes incessantes, c’est un peu ennuyant. Cela coupe un peu trop le récit et n’apporte pas forcément quelque chose d’utile. De plus, dans un souci d’imitation, elle insert des notes pour faire croire que le texte a réellement été rédigé par Watson (ou sir Arthur Conan Doyle, il est difficile de trouver son choix). Par exemple, beaucoup de mots sont en italique avec la note « En français dans le texte » sauf que ce texte n’est pas un texte traduit. Cela m’a beaucoup gêné du fait que c’est vraiment redondant.

Sinon, malgré des détails ennuyants dans ce pastiche, la narration est entraînante. Ce livre étant dédié à la jeunesse, il se lit rapidement et sans difficulté. Les chapitres sont courts et l’enquête est bien racontée. L’époque est bien transcrite à travers les mots des personnages. On croise brièvement quelques célébrités de l’époque, qu’elles soient littéraires ou scientifiques tels qu’Oscar Wilde ou encore Alphonse Bertillon. Ce sont surtout des noms apposés pour transcrire l’époque puisqu’ils n’ont pas vraiment de rôle à jouer.

En ce qui concerne l’enquête policière, elle est intéressante. Sherlock Holmes va croiser divers personnages dont Ariane Saint-Cyr avec qui il va vivre une relation amoureuse. Femme intelligente, libre, elle se montre une rivale équivalente. Pour les lecteurs fidèles du canon holmésien, certains détails sont inimaginables et le personnage de Sherlock Holmes n’est guère respecté dans ce sens. Mais en tant que personnage, Ariane est captivante. Elle incarne l’émancipation de la femme et c’est intéressant à lire. Il y a beaucoup de suspense et la résolution de l’enquête est satisfaisante. L’énigme m’a toutefois parue un peu bizarre mais cela se tient. Le méchant est crédible mais n’a pas la prestance d’un certain Moriarty, c’est certain. J’ai d’ailleurs trouvé cela inutile de le faire intervenir. Tous les éléments qui s’y rapportent sont des détails dérangeants par rapport au canon. L’épilogue ne respecte pas du tout l’œuvre de Sir Arthur Conan Doyle.

En résumé :

Il est certain que l’auteure maîtrise le canon holmésien mais elle aurait dû choisir entre le respecter ou non et pas faire un mélange des deux. L’enquête est intéressante à suivre et l’écriture agréable. C’est un roman sympathique pour qui ne connaît guère l’œuvre de sir Arthur Conan Doyle. Dans ce cas, de nombreux détails sont plutôt gênants.

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Challenge : Billet dans la SSHD.

Policier

« Lorsqu’un fait semble contredire une longue suite de déductions, c’est qu’on l’interprète mal. »

Une étude en rouge de sir Arthur Conan Doyle

Titre original : A Study in Scarlet
Première publication : 1887
Roman
[Lu sur mon Reader]

Avis personnel :

Sherlock Holmes est un personnage fascinant que j’aime énormément. J’ai décidé de (re)lire tout le canon holmésien par ordre chronologique de parution. Une étude en rouge est donc le premier récit : ce roman narre la rencontre entre Sherlock Holmes et John Watson. La complicité s’installe rapidement entre eux deux et c’est vraiment génial à lire. Le style d’écriture datant 19ème siècle se ressent mais il y a un certain modernisme dans la narration ainsi que dans l’action.

Deux récits s’intercalent dans ce roman mais ils sont pourtant reliés par un fil si ténu que seul Sherlock Holmes peut le comprendre. L’histoire commence avec un homme retrouvé mort dans une maison vide. Aucune blessure apparente ne se trouve sur lui bien que des taches de sang se trouvent autour de lui. Sur le mur, une inscription « Rache ! » interpelle les inspecteurs Lestrade et Gregson de Scotland Yard. Serait-ce une vengeance comme le suggère ce mot allemand ? Heureusement pour eux, Sherlock Holmes va réussir à résoudre son enquête grâce à ses étonnantes déductions dans un Londres de la fin du 19ème siècle (vers 1880).

Dans le deuxième récit, nous sommes plongés dans une atmosphère totalement différente. Dans les gorges de la Nevada, les mormons s’installent à Salt Lake City. En 1860, Jefferson Hope, un homme extérieur à cette communauté souhaite épouser Lucie, la fille de Jean Ferrier, tous les deux ayant été sauvés par les mormons des années auparavant. Mais les lois mormones interdisent cette union. Ils tentent de fuir mais ils sont pourchassés : Jean Ferrier sera exécuté tandis que sa fille sera mariée à un homme de la communauté.

La séparation entre ces deux récits est plutôt brutale, la rupture étant très nette. Nous sommes depuis le début avec Sherlock Holmes menant son enquête et subitement, nous voilà plongés en pleine Amérique. Cette deuxième partie nous éclaire sur l’histoire du meurtrier et les raisons qui l’ont poussé à tuer. La construction est donc très originale même si on peut être surpris.

Les personnages ne sont pas très développés, on en apprend juste assez pour se les figurer. Sherlock Holmes est un homme plein de cynisme, souhaitant être reconnu pour ses qualités. La méthode holmésienne fonctionne sur le principe d’observation puis après de déductions. Sherlock possède énormément de connaissances mais celles-ci sont bien spécifiques. Ils ne s’embarrassent pas d’informations qu’il juge inutiles. Quant à John Watson, c’est un ancien médecin militaire qui a été blessé. D’abord sceptique envers les capacités de Sherlock, il deviendra très vite admiratif. Sherlock se sent alors très flatté. La rencontre entre ces deux personnages est vraiment quelque chose à noter !

Voici comment John Watson décrit les connaissances de Sherlock Holmes :

1. Connaissances en Littérature : Néant.
2. Connaissances en Philosophie : Néant.
3. Connaissances en Astronomie : Néant.
4. Connaissances en Politique : Faibles.
5. Connaissances en Botanique : Médiocres, connait bien la belladone, l’opium et les poisons en général. Ignore tout du jardinage.
6. Connaissances en Géologie : Pratiques, mais limitées. Dit au premier coup d’œil les différentes espèces de sol ; après certaines promenades a montré des taches sur son pantalon et m’a dit, en raison de leur couleur de leur consistance, de quelle partie de Londres elles provenaient.
7. Connaissances en Chimie : Très Fort.
8. Connaissances en Anatomie : Précis, mais sans système.
9. Connaissances en Littérature passionnelle : Immenses. Il semble connaître tous les détails de toutes les horreurs commises pendant ce siècle.
10. Joue bien du violon.
11. Est maître à la canne, à la boxe et à l’épée.
12. Bonne connaissance pratique de la loi anglaise.

Sherlock Holmes côtoie d’autres personnages. Il y a Madame Hudson, sa logeuse au 221B Baker Street où il va cohabiter avec John Watson. Il se montre plutôt cruel envers elle alors qu’elle ne souhaite qu’apporter un peu d’aide. Les inspecteurs Gregson et Lestrade sont jugés particulièrement incompétents par Sherlock bien qu’ils soient les meilleurs de Scotland Yard. C’est sûr qu’il est difficile de s’élever au niveau de Sherlock qui résout rapidement l’affaire. Il y a très peu de suspense dans cette intrigue-ci.

En résumé :

Une première rencontre entre Sherlock Holmes et John Watson fabuleuse qui annonce de multiples et merveilleuses aventures.

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Challenges : Billet pour la SSHDCombat d’auteurs : Maurice Leblanc VS Arthur Conan Doyle