Contemporain

Nos vies suspendues de Charlotte Bousquet

Éditions Scrineo – 17,90€
316 pages – 14 Février 2019

Quatrième de couverture :

Trois ans, déjà.

Trois ans qu’Anis court pour ne plus qu’on la rattrape.
Trois ans que Nora a préféré ralentir, pour s’arrêter de penser.
Trois ans que Milan s’en veut de n’avoir rien pu faire.
Trois ans que Steven a fermé les yeux, et qu’il avance dans le noir.

Cette nuit-là les a marqué à jamais.
Et chacun doit réapprendre à vivre, avec cette voix intérieure qui ne les quitte pas.
Cette voix qui ne cesse de grandir et qui ne s’arrêtera pas de parler. Pas tant que les coupables n’auront pas payé.

Alors que le passé ne leur laisse aucun répit, comment retrouver le fil de leurs vies suspendues ?

Avis personnel :

En lisant le synopsis, je ne m’attendais pas spécialement au sujet qui allait être traité dans ce roman. C’est certain qu’il y avait un événement tragique qui s’était tenu mais le thème abordé n’était qu’hypothèses. Il suffit de lire la première page comportant une citation pour se douter du fond du roman et cela est confirmé rapidement avec un extrait de loi. En soi, je comprends le fait de le découvrir lors de la lecture (je lis toujours le synopsis donc je fais quelques suppositions et j’ai des attentes mais ce n’est pas le cas de tout le monde) mais comme c’est un sujet difficile, l’informer sur la quatrième de couverture me semble primordial. Donc trigger warning : viol (surligner pour lire le sujet du roman).

Dehors, je marche, les yeux rivés sur mes pas, sur le sol.
L’esprit prisonnier de ce souvenir. La tête prisonnière des épaules.
Personne ne sait, personne ne voit. Mais mon identité
tout entière, victime. Coupable.
Sophie Guth, « Corps perdu », Poésie en liberté 2017, collectif.

Grâce à une narration plurielle, l’autrice donne la parole à tous les protagonistes de cette nuit datant de trois ans. Les chapitres sont entrecoupés de flashbacks révélant peu à peu les relations entre les personnages et les circonstances de cette nuit ainsi que de mystérieuses pensées dédiées à une ombre qui prend de plus en plus de consistance. Le sujet est traité avec justesse et réalisme et le récit ne peut être que poignant. Toutefois il y a touche de fantastique amorcée dès le début qui donne un dénouement inattendu. Cela a peut-être permis une certaine distanciation et donc de donner plus de poids aux sentiments qui sont ainsi personnifiés mais cela n’était pas forcément nécessaire.

« Nora ne se réveille pas ». Lapidaire. Rageur. Impuissant. Une rage que je me prends de plein fouet, parce que je suis consciente, moi, et combative, une rage qui se communique, de l’écran à ma peau, ma chair, mon cœur. Procès en cours d’assises ou non, ils paieront. Je veux que la peur les fige. Je veux qu’ils tremblent, mais soient incapables de crier. Je veux qu’ils ressentent notre terreur – et qu’ils demandent pardon.

Après cette nuit, Anis et Nora ont essayé de survivre. Mais trois ans plus tard, rien n’a changé. Lorsque le chapitre est centré sur Anis, la narration est à la première personne ; c’est la protagoniste centrale. Elle se dépense continuellement – course à pieds, sports de combat – et réagit avec rage, ayant à l’esprit de se venger puisque la justice ne l’a pas fait pour elle et son amie. Elle continue de se battre. Lorsque c’est au tour de Nora, la narration est à la deuxième personne. Elle s’adresse à elle-même, comme si elle n’existait déjà plus. Les procès ne leur ont pas rendu justice et elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle a abandonné. Leurs réactions sont donc opposées mais les deux sont émotionnellement fortes et montrent que la justice n’a pas accompli son devoir. Tous les autres chapitres sont à la troisième personne. Milan est un policier qui les aide depuis cette nuit, la parole est aussi donnée aux criminels, quel que soit leur degré de culpabilité.

En résumé :

Dans ce roman poignant, un sujet dur est exploité de manière réelle mais avec justesse. Une touche de fantastique abordée dès le début mais se matérialisant vers la fin permet de parler de sentiments forts tels que la culpabilité toutefois le récit se suffisait à lui-même. La reconstruction de Anis et Nora après ce drame, et le nouveau procès étaient suffisamment prenants.

Contemporain

La grande traversée de Shion Miura

Titre original : Fune wo amu
Éditions Actes Sud – 22 €
288 pages – Février 2019
Traduction du japonais de Sophie Refle

Présentation de l’éditeur :

Majimé, jeune employé d’une maison d’édition, se voit confier la réalisation d’un nouveau dictionnaire du japonais, un projet titanesque baptisé La Grande Traversée. L’un des premiers termes sur lesquels il est amené à travailler n’est autre que le mot “amour”. Mais comment définir ce dont on n’a pas fait l’expérience ? À vingt-sept ans, aussi maladroit avec les gens qu’il est habile avec les mots, Majimé n’a jamais eu de petite amie. Quand il rencontre la petite-fille de sa logeuse, il tombe immédiatement sous le charme. Passionnée de cuisine et apprentie-chef, la jeune femme travaille la matière de ses ingrédients comme lui celle des mots, dans le même but : tenter de les fixer en un moment d’éphémère perfection. Cette fois-ci, Majimé entend bien ne pas laisser passer sa chance. Aidé par ses nouveaux collègues, il va tout faire pour vaincre sa timidité et ouvrir son cœur à celle dont il s’est éperdument amouraché, tout en se consacrant corps et âme à sa mission première : éditer le plus grand dictionnaire de tous les temps.
Amour, gastronomie et lexicographie : tels sont les ingrédients de ce roman léger et attachant, devenu un véritable phénomène éditorial au Japon, où il s’est vendu à 1 300 000 exemplaires.

Avis personnel :

La grande traversée, c’est le récit de la création d’un dictionnaire. Son élaboration prendra plusieurs années pour voir le jour et sera le projet de vie de plusieurs de ses rédacteurs et éditeurs. Le roman est construit en cinq chapitres de longueur variée, se centrant tous sur un des personnages principaux, tout en marquant l’avancement dans la conception du dictionnaire.

Dans le premier chapitre, nous découvrons Araki Kôhei. Il a consacré sa vie aux dictionnaires, travaillant depuis de nombreux années pour la maison d’édition Genbu Shobô dans le secteur des dictionnaires. Il doit désormais partir à la retraite pour s’occuper de son épouse malade alors que le grand projet « La grande traversée » n’en est qu’à ses balbutiements. Il a fabriqué de nombreux dictionnaires avec le professeur Matsumoto qui prend lui aussi part à la création de « La grande traversée ». Pour ces deux hommes passionnés par les mots, au point d’acheter quantités de dictionnaires ou de livres pour enquêter sur les mots, de prendre des notes sur des expressions ou des mots qu’ils rencontrent au détour d’une conversation pour faire ensuite des recherches, la création de ce dictionnaire est l’aboutissement de leur carrière. Heureusement, Araki trouve en la personne de Majimé Mitsuya son digne successeur.

Les mots, et l’esprit qui les fait naître, sont libres, et n’ont rien à voir avec le pouvoir. Et il faut qu’il en soit ainsi. Un navire qui permettra à chacun de naviguer sur l’océan des mots à sa guise, voilà ce que nous essayons de faire avec La Grande Traversée. N’y renonçons jamais.

Majimé Mitsuya est un homme étrange, peu à l’aise avec les autres, mais tout aussi passionné par les mots que les deux hommes avec qui il va travailler. Tout comme eux, il réfléchit à la définition des mots et à leur emploi. Il peut oublier tout ce qui l’entoure lorsqu’il pense à un mot, alors même qu’il était en train de discuter avec quelqu’un. Simple employé dans la maison d’édition, avoir la charge du service des dictionnaires et de l’édification de « La grande traversée » va lui sembler une tâche insurmontable au départ. Mais il est né pour travailler dans les dictionnaires, possédant une fine capacité d’analyse des mots ainsi qu’une bonne réflexion sur la façon de les ranger. En effet, fabriquer un dictionnaire implique plusieurs contraintes. Il y a un nombre de places limitées qui est à définir dès le départ. Ce n’est qu’ensuite que les mots à mettre sont décidés et il faut garder dans son esprit la mise en page pour que tout puisse tenir. Grâce à ce travail et à ses collègues, Majimé va s’épanouir dans sa vie professionnelle. En fera-t-il autant dans sa vie personnelle lorsqu’il tombera amoureux de Hayashi Kaguya, passionnée de cuisine ?

Le service des dictionnaires est constitué d’un petit effectif. Majimé travaille avec Mme Sasaki et Masashi Nishioka. La première est une femme discrète et efficace, chargée essentiellement de l’organisation des documents. Le troisième chapitre est consacré au second. Sérieux dans son travail, il a une posture un peu désinvolte. Il n’est pas comme ses supérieurs, passionné par son travail, mais il l’effectue tout de même correctement. Masashi s’amuse souvent aux dépends de Majimé mais ils finissent par développer une relation professionnelle cordiale voire amicale.

Le quatrième chapitre se déroule quinze ans plus tard. Majimé travaille seul avec Mme Sasaki depuis quelques années. Le projet « La grande traversée » a été retardé puisque d’autres dictionnaires ont dû être parus avant. En effet, la maison d’édition prend beaucoup de risques en publiant un dictionnaire. C’est un lourd investissement, tant financier que chronophage. Elle préfère donc miser sur des valeurs sures notamment en révisant et republiant d’anciens dictionnaires, destinés aux collégiens ou aux lycéens par exemple. En effet, un dictionnaire demande un long travail mais dès qu’il est publié, il peut à nouveau être révisé. C’est une tâche sans fin. Kishibé Midorai sera affectée au service des dictionnaires peu de temps avant la parution de « La grande traversée ». D’abord mal à l’aise dans ce nouvel environnement qui est à l’opposé de ce qu’elle a connu, elle finira par s’intégrer et apprécier son travail. Tout comme ses collègues, elle sera heureuse de participer à la grande aventure qu’est l’élaboration de ce dictionnaire.

Les mots sont indispensables à la création, pensa Kishibé, qui s’imagina soudain la mer qui recouvrait la Terre avant que la vie ne s’y installe, un liquide trouble, épais, visqueux. Cette mer, chaque individu la portait en lui. Et la vie ne naissait qu’après que la foudre des mots avait frappé la Terre. Tout comme l’amour et les sentiments, grâce aux mots qui lui donnaient une forme et la faisaient émerger.

Le dernier chapitre est consacré à la conception finale de « La grande traversée ». Choisir les mots et les définitions, contacter les contributeurs, retravailler leur texte pour tout ce qui est du fond, mais il faut aussi penser à la forme. Cela signifie la police des caractères et leur taille, la disposition des articles et des illustrations, mais aussi le choix du papier. Et quand tout cela est en place, il faut tout relire, encore et encore. Pour cette tâche fastidieuse, l’équipe est secondée par une cinquantaines d’étudiants. La période de bouclage est stressante pour tous mais quelle joie de voir enfin le dictionnaire publié !

J’ai adoré apprendre plein de détails sur la fabrication d’un dictionnaire notamment au Japon car la procédure est différente selon les pays (financé par le gouvernement ou par les maisons d’édition). La traduction est impeccable et les mots japonais sont romanisés. Ils sont peu nombreux mais présents puisque les personnes se questionnent sur des mots ou des expressions, et certains n’ont pas forcément d’équivalence en français.

En résumé :

J’ai beaucoup apprécié de découvrir l’élaboration de ce dictionnaire aux côtés de ses personnages attachants. Le récit est parfaitement construit et joliment raconté et il plaira à tout amoureux des mots.

Contemporain

« L’univers est une illusion ; vivre, c’est rêver. »

Leçons de grec de Han Kang

Si la neige est un silence qui descend du ciel, la pluie est peut-être de phrases interminables qui en tombent.
Des mots tombent sur les trottoirs, sur les terrasses des immeubles en béton, sur les flaques d’eau noires. Ils giclent.
Les mots de la langue maternelle enveloppés dans des gouttes de pluie noires.
Les traits tantôt ronds, tantôt droits, les points qui sont restés un bref moment.
Les virgules et les point d’interrogations qui se courbent.

leçonsdegrecEditions Le serpent à plumes
185 pages – 18€ – Août 2017
Traduction de Jeong Eun Jin et Jacques Batilliot

Quatrième de couverture :

Leçons de grec est le roman de la grâce retrouvée. Au cœur du livre, une femme et un homme. Elle a perdu sa voix, lui perd peu à peu la vue. Les blessures de ces personnages s’enracinent dans leur jeunesse et les ont coupés du monde.
À la faveur d’un incident, ils se rapprochent et, lentement, retrouvent le goût d’aller vers l’autre, le goût de communiquer. Plus loin que la résilience, une ode magnifique à la reconstruction des êtres par la plus célèbre des romancières coréennes, Han Kang.

Avis personnel :

J’étais curieuse de découvrir ce nouveau roman après avoir lu et apprécié La végétarienne il y a deux ans. Tout comme ce dernier, la couverture est très attirante : des fleurs de lotus sont représentées sur un fond rouge, et celle-ci s’explique lors de la lecture tout comme le titre.

Deux personnages sont au cœur du roman et les chapitres alternent les points de vue. Une femme a perdu l’usage de la parole. Elle a vécu plusieurs événements traumatisants mais elle a toujours eu un rapport particulier avec le langage. Si elle prend des leçons de grec, c’est pour s’intéresser à la construction même du langage, à travers son alphabet inconnu et sa grammaire difficile, et peut-être retrouver le courage de parler. Tout comme elle a en premier découvert le hangeul (l’alphabet coréen).

Aimant beaucoup la linguistique et les langues étrangères notamment le coréen, j’ai beaucoup apprécié les questionnements et remarques de l’héroïne sur le hangeul et le langage en général. Quelques mots coréens parsèment le roman pour expliquer la pensée et le goût de l’héroïne mais ils sont traduits tout comme les phrases en grec (mes études de grec sont tellement lointaines que je ne reconnaissais que l’alphabet !).

À l’époque où elle pouvait parler, sa voix était basse.
Ce n’était pas un problème de cordes vocales, ni de capacité pulmonaire. Elle n’aimait pas s’approprier l’espace. Chacun peut occuper l’espace physique qui correspond exactement au volume de son corps, mais la voix, elle, se déploie beaucoup plus. Elle n’avait pas envie de déployer sa présence.

Un homme perd lentement la vue. Il pensait ne rien voir depuis longtemps mais contre toute attente les années sont passées sans qu’il la perde entièrement. Ce n’est tout de même qu’une question de temps. Il souhaite se débrouiller tout seul et il retourne en Corée du Sud alors que sa famille est restée en Allemagne. Il est passionné de grec et subvient à ses besoins en donnant des cours à quelques groupes d’élèves.

Ces deux personnages sont sans cesse plongés dans leur passé. La femme aimerait retrouver son enfant dont elle a perdu la garde tandis que l’homme pense à son amour perdu. Ils semblent toutefois résignés sur leur sort. Dans la plus grande partie du roman, ils se côtoient sans réellement se parler. La femme assiste aux cours et l’homme enseigne. Ce n’est qu’à la faveur d’un accident qu’ils vont se retrouver seuls ensemble et être amenés à partager leurs peines pour pouvoir se reconstruire.

Son enfant avait sept ans.
Un dimanche matin où, pour une fois, elle avait tout son temps, elle a discuté avec lui et a fini par lui proposer d’inventer des noms à l’indienne. Enchanté, il a pris pour lui le nom de « Forêt brillante » et l’a gratifiée d’un autre. D’un ton sans réplique, comme s’il s’agissait là d’une évidence :
« Tristesse de la neige qui tombe en abondance.
– Hein ?
– C’est ton nom, maman. »
Elle n’a pas su répondre, se contentant de fixer les yeux clairs du gosse.

Les chapitres sont généralement assez courts ; s’ils sont plus longs, ils sont séparés par différentes temporalités. L’écriture est très épurée et poétique, le langage et la littérature y ont une grande place. Le rythme est plutôt lent puisque la véritable rencontre entre les deux personnages intervient dans les derniers chapitres, au dernier tiers du livre. La dernière partie est un peu plus confuse, faisant écho au ressenti des personnages.

En résumé :

Une rencontre inattendue entre deux êtres perdus racontée d’une jolie plume.

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Contemporain

« Respecter sa peur, dialoguer avec elle, peu à peu l’amadouer, apprendre à la connaître pour l’apprivoiser. »

Ciel d’acier de Michel Moutot

cieldacierEditions Points – 440 Pages
Publié en avril 2016 – 7,95 €

Quatrième de couverture :

Chalumeau en main, John LaLiberté, ironworker comme ses ancêtres, sectionne l’acier à la recherche de survivants. Les Twin Towers viennent de s’effondrer sous ses yeux. Depuis le premier rivet porté au rouge dans un brasero, jusqu’à la construction de la Liberty Tower, six générations de Mohawks ont bâti l’Amérique. La légende dit qu’ils n’ont pas le vertige. Peut-on apprendre à maîtriser sa peur ?

Avis personnel :

Le livre s’ouvre sur les tours jumelles du World Trade Center qui se sont effondrées. John LaLiberté, un indien Mohawk, est ironworker ou « monteur d’acier ». Lorsqu’il voit la catastrophe arriver, il comprend que son aide sera requise. En effet, pour que les pompiers et policiers puissent se frayer un chemin pour trouver des victimes, il va falloir déblayer les décombres et seuls ceux qui construisent ces immeubles peuvent le faire. Le voilà sur un chantier phénoménal. Le désespoir et l’acharnement des premières semaines laissent place à une action pesante durant des mois. Lorsque plus personne ne peut être trouvé, il faut tout de même tout évacuer pour espérer retrouver le moindre indice sur les personnes présentes durant l’attentat.

Pour nous les monteurs d’acier indiens, ces gratte-ciel seront nos pyramides d’Égypte, notre Empire State Building, nos chefs d’œuvre. Nos pères, nos grands-pères, et leurs ancêtres avant eux ont bâti les ponts, les villes, les monuments de l’Homme blanc. Les passerelles, les montagnes de fer, les cités de l’Amérique. Avant l’invasion de nos terres, nous étions des charpentiers, des bâtisseurs de longues maisons. Quand les anciens ont compris qu’ils ne pourraient pas vaincre les envahisseurs venus de l’Est, ils ont gagné par leur travail, leur sueur, leur courage et leur sang leur place dans ce nouveau monde. Nous en sommes fiers. Nous n’avons que faire de leur sentiment de culpabilité qu’ils rachètent par des allocations, des détaxes sur les cigarettes ou des licences pour l’ouverture de casinos. Un ironworker ne vit pas de charité. Quand j’avance sur la poutre, au dessus de Manhattan, quand j’assemble a la main les pièces de leurs cathédrales d’acier, je ne suis pas dans leur univers mais dans le mien. Je marche où personne n’a marché avant moi. Dans le ciel. Avec les aigles.

Le roman alterne les époques. Depuis des générations, les ironworkers construisent les immenses grattes-ciels ou ponts parcourant l’Amérique. A l’arrivée des blancs sur le nouveau continent, les Mohawks sont tout d’abord embauchés pour naviguer sur les fleuves du Canada. Puis ils commencent à aider à construire des ouvrages de grande envergure. Ils s’avèrent très adroits sur des poutres et sont réputés pour ne pas avoir le vertige. Apprenant vite et bien, de nombreuses familles se mettent à travailler dans la construction. Quand l’Amérique se modernise, les grattes-ciels commencent à s’élever et les ironworkers sont les premiers à participer. De la fin du XIXème siècle, en passant par les années 60 pour arriver aux années 2000, une génération d’ironworkers est explorée à travers la famille LaLiberté.

Les us et coutumes des Mohawks comme le quotidien d’un ironworker sont parfaitement décrits. La narration est réaliste tout en pouvant se montrer poignante par moments. Ciel d’acier est un roman captivant.

En résumé :

Ciel d’acier est un roman passionnant explorant une génération de Mohawks.

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