Mangas, Manwhas, etc

Errance de Inio Asano

Titre original : Reiraku – 零落
Oneshot – 15 mars 2019
Editions Kana – Seinen
Editeur VO : Shôgakukan
Traduction de Thibaud Esbief

Présentation de l’éditeur :

Le mangaka Kaoru Fukazawa vient de terminer un manga qui a eu son petit succès et qui lui a demandé beaucoup d’énergie. Mais voilà qu’il sombre dans le doute et l’incertitude ! Qu’a-t-il envie de dessiner à présent !? Doit-il choisir de se lancer dans un manga qui va se vendre, ce que son éditeur le pousse à faire, ou dans un projet plus personnel qui lui tient à cœur ?
Mais, au fond, a-t-il encore vraiment quelque chose à dire par le biais de ses mangas !? Voici un récit qui illustre une crise existentielle, qui questionne chacun sur le sens qu’on donne à son existence et où se devinent, en filigrane, les interrogations d’Inio Asano face à son propre travail de création. Bouleversant et passionnant !

Avis personnel :

Cela faisait un petit moment que je voulais découvrir le travail du mangaka Inio Asano, notamment Solanin. J’ai profité de la sortie récente de ce oneshot pour le faire puisque le sujet m’intéressait. Dans Errance, un auteur de manga s’interroge sur son devenir et les raisons qui le font créer une histoire.

Le livre est un très bel objet publié dans la collection « Made In » de Kana. Avec un format de 14×21 cm, une couverture épaisse et un papier de qualité, il est très agréable à lire mais il pèse toutefois son poids. L’impression est tout aussi qualitative, j’ai notamment apprécié les six premières pages en couleur sur papier glacé. La couverture m’a tout de suite attirée avec ces taches de lumière ressortant sur fond noir. Il s’agit d’un paysage de route en ville, la nuit, où beaucoup de lumières sont discernables mais en cacophonie par leur trop grande et forte présence. Elles apparaissent donc floues. Un bandeau en noir, rouge et blanc présente le protagoniste et le synopsis du manga.

J’ai particulièrement apprécié le style graphique de l’auteur. Les paysages et décors sont extrêmement travaillés, avec une précision dans le moindre détail. Les personnages sont aussi très réalistes, avec des identités propres à chacun. L’expressivité est fine, leurs émotions se lisent clairement sur leur visage.

L’histoire m’a toutefois moins convaincue. Kaoru Fukuzawa est un mangaka populaire dont la série phare vient de se terminer. Il s’est donné à fond pendant des années dans son travail mais maintenant que son manga est terminé, il ne sait pas comment envisager la suite. Il est complètement désabusé, il ne sait pas ce qu’il veut dessiner comme prochaine série et il n’éprouve que du dédain pour les mangas populaires qui ne racontent rien d’essentiel. Sa crise existentielle se prolonge aussi dans sa vie personnelle. Ne créant rien, il passe son temps libre avec des prostituées. Marié à une éditrice qui comme lui ne vit que pour son travail, il demande le divorce. Si l’intrigue est intéressante, le protagoniste est détestable et ses actions m’ont beaucoup dérangée lors de la lecture, jusqu’à son apogée lorsqu’il tente de violer sa femme. Toute personne peut être en proie au doute et la remise en question de Kaoru est bien traitée. Autrefois passionné par son métier, il pose aujourd’hui un regard cynique sur le manga. Cela ne serait pas un problème si Kaoru n’était pas si imbu de sa personne dès les premières pages.

La liberté n’est pas un but à atteindre, c’est un moyen.

Kaoru est en quête d’une liberté qu’il pensait acquérir en s’épuisant dans son travail mais il réalise que ce n’était en fait qu’une illusion. Le portrait qui est dressé de lui est fait de manière réaliste. Si Kaoru m’a semblé antipathique, car il est égoïste et ne se remet jamais en question, ses observations ne sont pas dénuées de véracité. Le dénouement est un peu flou, évoquant peut-être une ouverte positive mais rien n’est moins sûr. Le ton de l’œuvre en général est donc plutôt sombre avec un discours sur la société tout aussi noir.

En résumé :

Inio Asano décrit de manière percutante les travers de la société japonaise à travers le questionnement du métier de mangaka. Dommage que son personnage principal soit si antipathique puisque cela a gêné ma lecture. Cependant, cela ne m’empêchera de repenser à cette histoire.

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