Classiques

« Je mtai ds aubus plein dvyageurs. »

 Exercices de style de Raymond Queneau

Editions Folio -– Limitée (textes inédits)
232 Pages – Mars 2012 – 6,17 €
Préface de Emmanuël Souchier

Quatrième de couverture :

Le narrateur rencontre, dans un autobus, un jeune homme au long cou, coiffé d’un chapeau orné d’une tresse au lieu de ruban. Le jeune voyageur échange quelques mots assez vifs avec un autre passager, puis va s’asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur rencontre le même jeune homme en grande conversation avec un ami qui lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus.

Cette brève histoire est racontée quatre-vingt-dix-neuf fois de quatre-vingt-dix-neuf manières différentes, dans l’édition souhaitée par Raymond Queneau. La prolongent, de façon exceptionnelle dans le présent volume, vingt-deux exercices supplémentaires et neuf variations publicitaires inédites.

L’occasion de redécouvrir une œuvre majeure, à la fois avant-gardiste et populaire, qui renouvelle avec humour les relations entre auteur, texte et lecteur.

L’auteur :

Raymond Queneau, né au Havre le 21 février 1903 et mort à Paris le 25 octobre 1976, est un romancier, poète, dramaturge français, cofondateur du groupe littéraire Oulipo.

Plus d’informations sur Wikipédia.

Avis personnel :

Merci à Livraddict et à Folio pour cette découverte. Il est plutôt difficile de parler de ce livre sachant qu’il n’y a pas d’intrigue, pas réellement de personnage à qui s’attacher, pas d’action mais simplement un récit revisité de multiples manières. Ce n’est pas pour autant que ce n’est pas intéressant et j’espère que mon avis bien que succinct vous incitera à découvrir cette œuvre étonnante. Plusieurs adaptations théâtrales ont été réalisées et je serais curieuse d’en voir une.

Raymond Queneau écrit les variantes d’une même histoire de façons parfois très différentes. L’histoire de base, c’est le narrateur qui voit deux fois le même individu particulier dans la même journée. Exercices de style, c’est des jeux, c’est de la littérature, c’est une œuvre qui joue avec les mots. Que ce soit des figures de style (Homéotéleutes, Synchyses, Polyptotes…), des permutations de lettres ou groupes de lettres ou encore des méthodes mathématiques (Géométrique). Dans cette dernière catégorie, il y a aussi la « méthode S + 7 » mise au point par Jean Lescure. Il s’agit de prendre un dictionnaire de référence et d’ajouter sept mots au substantif pour modifier le texte. La littérature combinatoire, part du synthoulipisme (invention et expérimentation de contraintes littéraires nouvelles), est utilisée à plusieurs reprises par Queneau dans l’Oulipo. Ce groupe (L’Ouvroir de littérature potentielle), composé de littéraires et de mathématiciens, cherche à produire de nouvelles structures contraignantes destinées à encourager la création.

L’auteur utilise aussi d’autres méthodes comme les sens (Gustatif, Auditif, Visuel…), les temps (Présent, Passé simple, Imparfait…), des points de vue différents avec celui du narrateur, du jeune homme, du passager agressé et parfois des personnages externes (Féminin). Le français n’est pas la seule langue utilisée puisqu’il y en a d’autres, soit par quelques mots, soit par des mots francisés, soit par l’accent (Italianismes, Anglicismes…).

D’ailleurs, voici un extrait avec Anglicismes :

Un dai vers middai, je tèque le beusse et je sie un jeugne manne avec une grète nèque et un hatte avec une quainnde de lèsse tressés. Soudainement ce jeugne manne bi-queuzme crézé et acquiouse un respectable seur de lui trider sur les toses. Puis il reunna vers un site eunoccupé.

A une lète aoure, je le sie égaine ; il vouoquait eupe et daoue devant la Ceinte Lazare stécheunne. Un beau lui guivait un advice à propos de beutonne.

Les textes sont la plupart du temps en prose mais il y a parfois des poèmes comme des sonnets ou des formes japonaises (Tanka, Haï Kaï). Certaines fois, il y a des néologismes comme le célèbre « écriveron » pour écrivain. Les textes sont très courts, généralement une page, parfois deux. A force de lire la même histoire, on la connaît parfaitement donc pour éviter la saturation, il est bien de faire des pauses. Par contre, cela a un avantage quand certains récits sont difficilement lisibles car on parvient à comprendre quel mot lire.

Mon édition contient des textes inédits dont des publicités en dehors de cette histoire pour le Shampoing Dop ou pour l’utilisation des tranquillisants à l’intention des docteurs. Queneau donne aussi quelques idées pour s’exercer comme : calligramme, fiche de lecture, rébus, jeu de l’oie, hiéroglyphes, épanalepse…

En résumé :

Une œuvre surprenante où les diverses variations offrent des possibilités infinies de s’amuser.

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7 réflexions au sujet de “« Je mtai ds aubus plein dvyageurs. »”

    1. Je fais aussi des études de Lettres (enfin j’ai fini cette année ^^) et même sans cela, c’est très intéressant. 🙂 Il y a des exercices qui font références à des contraintes absolument pas littéraires.

  1. Il est vrai qu’au bout d’un moment, on peut se lasser, à force de lire toujours la même histoire. Mais … Il y a quand même certaines perles, Anglicismes en est une ;). Très jolie critique.

  2. Bonjour 🙂
    Je voulais te demander s’il était possible de faire comme toi, c’est à dire mettre en titre d’article sur mon blog des citations ! Merci d’avance ! 🙂
    Bises
    Tom

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