Théâtre

Le roi se meurt de Eugène Ionesco

Le roi se meurt de Eugène Ionesco

Il n’y a rien d’anormal puisque l’anormal est devenu habituel.

Editions Folio – 137 Pages
Illustration de Laëtitia Le Saux

L’auteur :

Eugène Ionesco, né Eugen Ionescu le 26 novembre 1909 à Slatina (Roumanie) et mort le 28 mars 1994 à Paris, est un auteur dramatique et écrivain roumain et français. Il passa une majeure partie de sa vie à voyager entre la France et la Roumanie.
Représentant du théâtre de l’absurde, il a écrit de nombreuses œuvres dont les plus connues sont La Cantatrice chauve, Les Chaises ou bien encore Rhinocéros.
Le théâtre de Ionesco représente de façon palpable la solitude de l’homme et l’insignifiance de son existence.

Plus d’informations sur Wikipédia.

Avis personnel :

Cette pièce de théâtre est constituée d’un seul acte pendant lequel le roi se meurt comme l’indique le titre. Cinq personnages gravitent autour du roi Bérenger Ier. Sa première épouse, Marguerite, symbolise la raison. Sa seconde, Marie, est la reine favorite du roi et exprime l’amour. Elle se lancera dans des tentatives désespérées pour sauver le roi. Trois autres personnages de moindre importance sont aussi présents. Le Médecin, qui est aussi chirurgien, bourreau, bactériologue et astrologue, est du côté de Marguerite, approuvant toutes ses remarques. Juliette est à la fois femme de ménage et infirmière, représentant le peuple et le travail. Et pour terminer, le Garde, qui n’est là que pour faire des déclamations au public, symbolise ainsi le royaume.

La pièce s’ouvre sur le garde qui annonce les différents personnages entrants sur scène. Marguerite souhaite annoncer au roi qu’il va mourir tandis que Marie essaye de l’en empêcher. Le roi est le dernier entré en scène et il apprend peu après qu’il va mourir. On peut par ailleurs voir une mise en abyme du théâtre avec la révélation de Marguerite : « Tu vas mourir à la fin de ce spectacle. ». Pendant toute la durée de la pièce, le roi va se révolter contre cette affirmation avant de finalement l’accepter. Il passe par trois étapes parfaitement visibles : la dénégation, la révolte et la résignation. On pourrait y voir un schéma similaire aux cinq étapes du deuil : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation.

Le roi, autrefois à la tête d’un empire très puissant, ne possède plus qu’un royaume qui se fissure. Son autorité faiblit, plus rien ne lui obéit. Le temps s’écoule étrangement. En quelques heures, tout s’écroule autour de lui. Son âge est différent d’une page à l’autre, à un moment il a plus de quatre cents ans et à un autre (seulement) deux cent quatre-vingt-trois ans. Outre l’espace et le temps qui sont particuliers, il y a aussi un questionnement sur le langage. Les répliques sont généralement courtes et s’enchaînent très rapidement. Les didascalies ont un rôle très important, indiquant les voix et gestes de chaque acteur, et sont donc nombreuses.

Sur fond de tragédie, cette pièce propose une réflexion sur la mort. Il faut en avoir conscience, elle est inéluctable. « Tu étais condamné, il fallait y penser dès le premier jour. » dit la reine Marguerite au roi mais celui-ci n’avait pas le temps d’y penser. Le lecteur est aussi invité à réfléchir à ce qu’il laisse derrière lui tout comme le roi souhaite ne pas être oublié. Le roi a peur de mourir comme tout un chacun.

En résumé : C’est une pièce de théâtre qui apporte de l’innovation et rompt avec le théâtre classique. Un rapport particulier au temps et au langage permet à Ionesco de créer diverses réflexions comme celle sur la mort.

Liens : La pièce sur Wikipédia.

Commander ce livre ?

Publicité