Jours sans faim de Delphine de Vigan
Editions J’ai Lu – 125 Pages
Décembre 2008 – 5,60 €
Quatrième de couverture :
« Cela s’était fait progressivement. Pour en arriver là. Sans qu’elle s’en rende vraiment compte. Sans qu’elle puisse aller contre. Elle se souvient du regard des gens, de la peur dans leurs yeux. Elle se souvient de ce sentiment de puissance, qui repoussait toujours plus loin les limites du jeûne et de la souffrance. Les genoux qui se cognent, des journées entières sans s’asseoir. En manque, le corps vole au-dessus des trottoirs. Plus tard, les chutes dans la rue, dans le métro, et l’insomnie qui accompagne la faim qu’on ne sait plus reconnaître.
Et puis le froid est entré en elle, inimaginable. Ce froid qui lui disait qu’elle était arrivée au bout et qu’il fallait choisir entre vivre ou mourir. »
Avis personnel :
Je découvre Delphine de Vigan avec ce titre et ce ne sera certainement pas le dernier que je lirai d’elle ! Sa plume est vraiment très agréable. Je possède No et moi dans ma PAL et d’autres de ses livres me tentent beaucoup aussi.
Dans ce roman, nous suivons Laure, une jeune fille de 19 ans, qui est à l’hôpital pour soigner son anorexie. Nous en savons très peu sur elle mais nous apprenons à la connaître au fil des pages. Beaucoup de choses resteront mystérieuses mais cela n’empêche pas de s’attacher facilement à cette jeune fille. Les autres personnages sont peu développés, décrits seulement par bribes au travers du regard de Laure. Elle s’attache au docteur Brunel, un médecin certes doux mais aussi impartial. Il ne la laissera jamais tomber.
Ce livre possède une narration originale puisqu’il est écrit à la troisième personne du singulier alors qu’on se serait vraiment attendu à une écriture à la première personne du singulier. La quatrième de couverture représente la première page du livre pour vous donner une idée. Ce choix de narration instaure une légère distance avec le lecteur. Il connait les pensées les plus intimes de Laure, compatit à sa douleur et se bat avec elle mais reste un peu éloigné. Cela permet de vivre cette histoire différemment, de ne pas prendre la jeune fille en pitié mais de comprendre son vécu. Ce roman est autobiographique mais je ne sais pas jusqu’à qu’elle point. Et personnellement, je n’ai pas vraiment vu cet aspect-là. J’ai plutôt lu l’histoire d’une lutte, réelle ou fictive, en occultant le reste.
Ce roman est l’histoire de la guérison de Laure, l’histoire de son combat. Le lecteur apprendra comment elle est devenue anorexique avec quelques éléments de son passé mais rien n’est approfondi. Laure souhaitait juste disparaître mais pas mourir. C’est pour cela qu’elle se bat aujourd’hui. Elle réapprend tout doucement à exister en tant que personne, à apprécier les petits bonheurs de la vie et à retrouver le goût de vivre. Elle fait la connaissance des patients de l’hôpital, lie de nouvelles amitiés. Une vie de famille s’organise.
La lente guérison de Laure, son combat avec elle-même et ce double Leanor est raconté avec justesse. Le style de l’auteur est très doux, poétique pourtant il n’y a aucune pudeur. Tout est raconté sans concession même la vérité la plus abrupte mais de manière atténuée. Il n’y pas de pathétique, les faits et les états d’âme sont racontés simplement. Les pensées de Laure sont analysées et décrites subtilement. Son esprit agit sur son corps.
En résumé :
Un combat contre l’anorexie raconté avec douceur sans pour autant tomber dans le pathos. Les morceaux de vie de Laure touchent le lecteur.