Les Mondes d’Ewilan ; Tome 2 : L’Œil d’Otolep de Pierre Bottero
Editions Rageot – 308 Pages
Quatrième de couverture :
« Le brûleur arrivait sur eux à une vitesse hallucinante. Ellana encocha une flèche, Edwin tira son sabre, Salim son poignard. Le cœur serré par l’angoisse, Ewilan comprit pourtant qu’ils ne pourraient pas arrête le monstre. Elle se glissa dans l’Imagination. »
Avis personnel :
Après nous êtes plongés dans notre monde en partageant la douleur d’Ewilan et Salim dans le premier tome, nous voilà de retour à Gwendalavir. Tout comme le précédent, ce livre-ci s’intéresse plus à nos deux adolescents qu’aux autres personnages. Ewilan et Salim sont séparés depuis leur retour. La première étudie l’Art du Dessin à l’Académie d’Al-Jeit et le second poursuit son apprentissage avec Ellana. Mais ils vont vite se retrouver pour partager une nouvelle aventure. Les premiers chapitres alternent successivement les points de vue des deux héros jusqu’à ce qu’ils se rejoignent.
Ewilan a beaucoup souffert à l’Institution et cela reste ancré en elle, physiquement et mentalement. Après sa rencontre avec Illian, elle veut plus que jamais comprendre l’Imagination. En effet, le petit garçon possède un pouvoir particulier. Par la seule force de sa volonté, il parvient à faire plier les autres. Mais en utilisant son don, il détruit tous les possibles que l’Imagination met à disposition des Dessinateurs. La jeune fille suit des cours en même temps que d’autres élèves, les plus doués dans l’Art du Dessin, et la plupart étant promis à devenir Sentinelles. Leur groupe d’amis apparaît plutôt soudé dans une ambiance conviviale. Ewilan va se rapprocher de Liven, un jeune homme très doué, qui s’éprend d’elle et se montre très attentionné envers elle. Celle-ci n’est pas non plus insensible au charme de ce dernier. Ewilan n’est pas un personnage que j’apprécie particulièrement, lui préférant de nombreux autres. Elle m’a parfois agacée dans ce tome-ci, surtout dans sa relation avec Liven. Elle ne pense pas à Salim dans ces situations dont elle est pourtant amoureuse.
Justement, Salim ! Lui, je l’apprécie beaucoup et encore plus Ellana. Tous les deux vont se retrouver aux prises avec la guilde des marchombres. Ils vont trouver de l’aide en une figure légendaire lorsqu’ils seront en difficulté. L’univers des marchombres est ainsi exploré mais beaucoup de choses demeurent mystérieuses. Cela donne très envie de découvrir la trilogie Le pacte des marchombres.
Une nouvelle menace apparaît. L’Imagination n’est plus sure : une Méduse la hante. Se trouvant en premier lieu dans les plus hautes spires, elle descend jusqu’à ce qu’elle gêne chaque dessinateur. Si ses tentacules touchent un dessinateur, celui-ci meurt. Ewilan, malgré ses dons, va éprouver des difficultés pour les plus simples actions. Elle va commencer à comprendre ce qu’est réellement l’Imagination… Cette intrigue est couplée à une autre : l’empereur confie à Edwin et ses compagnons la mission de retrouver les parents d’Ewilan dont aucune nouvelle n’a été donnée tout en ramenant Illian chez lui. Il s’agit aussi d’établir des relations diplomatiques avec la cité de Valingaï.
Pour cette mission, Edwin s’entoure de compagnons puissants. En premier lieu, douze hommes de la Légion noire, réputés pour être de farouches combattants. Outre Ellana, Salim et Ewilan qui sont du voyage, nous retrouvons aussi le rêveur Artis Valpierre et Maître Duom, célèbre analyste. Il n’y a pas que des humains, un couple de Faëls fait aussi partie de l’expédition : Chiam Vite et sa compagne, Erylis. Le Faël est un personnage que j’aime beaucoup, sa répartie égalant celle de Salim. Erylis me plaît tout autant, possédant de l’humour et étant d’une beauté à couper le souffle. Illian, dernier personnage et non des moindres, est un petit garçon très attachant. Tous les membres de la mission s’y sont d’ailleurs laissés piéger. Bien qu’adorable, on en sait toutefois très peu sur lui. Quels sont réellement ses pouvoirs et comment fonctionnent-ils ? Est-ce que son peuple sera un ennemi de Gwendalavir ? J’aurais bien aimé qu’il soit plus développé, tout comme les autres personnages, car tout se concentre sur Ewilan et dans une moindre mesure Salim. Certes, c’est l’héroïne de l’histoire mais les autres personnages sont trop en retrait.
Dans ce tome-ci, nous voyons Ewilan et Salim évoluer. Ils acquièrent plus de maturité tout en restant tout de même des adolescents. Ewilan se pose beaucoup de questions, que ce soit sur son don ou sur sa vie. Elle se demande si elle peut décider de son chemin ou si le destin l’a déjà tout tracé pour elle. Elle essaye de diriger sa vie mais elle semble être guidée par une volonté plus forte que la sienne. Nos héros vont devoir affronter beaucoup de choses dans cette nouvelle aventure. Danger, mort, trahison seront au programme. Il y a beaucoup de péripéties et de rebondissement tout au long du roman. Tout s’enchaîne, avec malgré tout quelques instants de répit lorsque nos héros savourent quelques moments de bonheur. Le dénouement ne donne qu’une envie : lire la suite !
Le style de Pierre Bottero est toujours égal à lui-même, plein de poésie. Son écriture touche et il raconte avec justesse les sentiments de Salim et Ewilan d’une part mais aussi de toute l’équipe. Les chapitres sont parfois précédés de notes qui rendent les événements prévisibles. On sait ce qui va arriver mais on aimerait tellement que cela ne se passe pas… L’humour est néanmoins présent, que ce soit par les situations ou les paroles des personnages. Ainsi Merwyn Ril’ Avalon, toujours fidèle à lui-même : « L’Œil d’Otolep est un endroit sympa pour pique-niquer. » C’est un de mes personnages favoris mais on ne le voit malheureusement que très peu dans toute l’œuvre mettant en scène Ewilan.
En résumé :
Quel plaisir de retrouver certains compagnons d’aventure d’Ewilan ! Une nouvelle menace pèse sur Gwendalavir et nos héros feront tout ce qu’ils pourront pour la contrer. De l’humour, de l’amitié, de l’amour mais aussi de la souffrance et des morts pour un roman palpitant. Un livre qui se dévore et dont le dénouement donne envie de se jeter sur le dernier tome !
Extrait :
Salim se dégagea en douceur et, sans quitter l’eau des yeux, s’assit sur le sol rocheux. Son cœur battait lentement, à grands coups puissant, distillant en lui une certitude absolue.
Il ne quitterait pas cet endroit.
Pas sans Ewilan.
Il n’était ni malheureux ni écrasé.
Ou désespéré.
Il se trouvait simplement en marge du monde.
Il l’attendait.
Challenge : Participation au challenge Magie et Sorcellerie Littéraires.